Contrairement à la dernière fois, j’ai enfin lu le phénomène « 50 shades », et je constate encore une fois à quel point les professionnels de la critique peuvent êtres partiaux. Il me semble que quoi qu’il y ait eu dans ce livre, quelque ait pu être son style d’écriture, que les scènes soient réellement hard ou au contraire, fleur bleue, les critiques se seraient déchainées. Parce que c’est un livre qui traite d’amour, d’érotisme, de sexe.
Ce qui est très drôle, c’est que d’une critique à l’autre, on a l’impression qu’on ne parle pas du même livre. L’une dit, je cite « Le livre a fait sa pub sur le dos de l’érotisme. Pourtant, on en est loin. C’est du porno. Pas chic pour un sou, c’est cru et clinique. À se demander ce qui peut en exciter certaines… Nous sommes loin, très loin, du récit "osé" qu’on nous a vendu », tandis qu’un autre affirme « "Fifty Shades of Grey" de E.L. James, n'est pas LE roman SM qui va choquer le grand public. C'est coquin, ça parle de parties de jambes en l'air, mais c'est très aseptisé ». Il faudrait peut-être se mettre d’accord ! Pour réconcilier ces deux là, on va dire que c’est donc un « porno aseptisé », n’est-ce pas – après le « mommy porn », EL James a au moins le talent de savoir créer de nouveaux genres !
Donc, j’ai lu « 50 shades ». Je lis habituellement un genre totalement différent, beaucoup plus « hard » (mais non, pas du porno, du thriller), je ne suis donc pas partiale, ni en bien ni en mal. J’avais lu les critiques qui le descendent en flèche, et les citations prises au hasard et sorties du contexte (« Putain qu’est-ce qu’il est sexy », « Bordel, il renifle ma culotte ! », et le très célèbre « Je lèche ma sucette préférée, celle au parfum Christian Grey ») et je m’attendais à tout, franchement.
À les croire, ce pauvre bouquin est « très mal écrit », les personnages sont « des ectoplasmes d’une grande faiblesse psychologique », c’est « un conte de fée à la sauce porno », j’en passe et des meilleures. Personnellement, j’avais décidé de ne pas m’arrêter à ce ramassis de méchancetés, de le lire sans préjugé et ce qui m’intéressait le plus n’était pas de le critiquer, mais, en tant qu’auteure de romans sentimentaux, de comprendre son phénoménal succès.
Et, surprise, je ne l’ai pas trouvé mal écrit. Certes, ça parle de sexe et il y a des expressions vulgaires, toutes les citations que j’avais lues sont vraiment dans le livre. Certes. Si tant est que « merde », « bordel », « baiser » ou « sucette » soient des expressions vulgaires (tout dépend du contexte, n’est-ce pas ?!!). Et il faut un certain courage et du talent pour écrire des scènes de sexe aussi explicites, justement parce que ça devient difficile de ne pas tomber dans la vraie vulgarité. Ce type particulier de talent n’est pas le moins du monde reconnu par les critiques, évidemment, mais on dirait bien qu’il l’est par le grand public, parce que quand même, 40 millions de ventes à travers le monde, waouh ! C’est difficile de croire que tous ces gens se sont fait avoir ! Surtout quand les ventes de « sex toys » augmentent de manière exponentielle exactement au même moment ! N’en déplaise aux détracteurs, y en a qui ont tout lu et qui ont aimé dirait-on !
Je n’ai pas trouvé les personnages « ectoplasmiques» non plus. Certes, la psychologie du héros n’est pas très expliquée, mais dès le début, on comprend bien que c’est assez logique puisque l’intrigue repose sur ses secrets, quand on connaitra tout de lui, l’énigme sera résolue et l’histoire sera terminée. Ana, quant à elle, est une jeune fille sans expérience qui se retrouve amoureuse du méchant et espère le rendre gentil, c’est assez réaliste à défaut d’être très compliqué. A vingt ans, toutes les filles croient pouvoir changer leur amoureux, non ?
Trêve de plaisanteries, ce livre est loin d’être aussi « bidon » que ce qu’en disent les critiques. Parce qu’apparemment, même s’il n’a pas changé ma vie sexuelle (ni ma vie d’auteure, ouf !), il apporte du piment dans celle de centaines de lectrices, et en tant qu’auteur, faire rêver est exactement le but. À la place de EL James, je serais bien contente d’aider !
Une journaliste a déclaré « il est inquiétant que de jeunes filles inexpérimentées prennent ce livre pour argent comptant. Excusez-nous chers messieurs, mais l’orgasme féminin est un Graal difficile à atteindre ». Ah bon ? J’en suis désolée pour elle, mais il ne faut jamais prendre son cas pour une généralité. Elle ajoute ensuite, je cite texto, que « Le livre est rempli de répétitions et de formules grotesques. Dur de croire que certaines lectrices s’en retrouvent émoustiller »… Il n’y a pas que l’orgasme féminin qui est un Graal difficile à atteindre, l’orthographe aussi, dirait-on… Et oui, pour rester dans l’ambiance et sur des lieux communs, « c’est toujours plus facile de voir la paille dans l’œil du voisin, que la poutre dans le sien », n’est-ce pas ?
Je vais en choquer certains, sûrement, mais peu importe, ceux qui me connaissent savent bien que je suis une rebelle dans l’âme et que j’adore défendre ce qui est décrié et qui sort des sentiers battus ! Et maintenant, à vos plumes, vous, ceux qui ont eu le courage de le lire malgré les critiques, qu’en pensez-vous ?