Hélène Caussignac

Helene Caussignac

50 shades, le film - 18/02/2015

J’ai vu avant-hier soir « 50 shades of Grey » au cinéma. Quelqu’un que j’aime bien m’avait dit, la semaine dernière, quelque chose du genre : « Dis-moi que tu ne vas pas faire comme tout le monde et que tu vas boycotter ce navet rempli de clichés ! Tu ne vas pas aller le voir, rassure-moi ?? ». « Si. » avais-je répondu. Il avait été atterré. Pas moi, j’assume tout à fait.

J’écris des romans qui flirtent avec le genre érotique, et rien que pour ça, pour le regard « artistique », je devais voir ce film. Et puis, il ne faut pas être hypocrite non plus, j’avais aussi envie de le voir – même si, selon le choix de l’acteur principal, ça aurait pu être beaucoup, beaucoup plus irrésistible…

Mais même si Jamie Dornan n’est pas mon fantasme masculin, j’avais envie de voir comment pouvait être rendu en image « tout public » une histoire qui comporte quand même 70% (au moins) de scènes hot ! Et, au risque, une fois de plus, d’aller à contre-courant de l’opinion générale, je trouve que le résultat est tout à fait honorable. Alors bien sûr, je comprends que pas mal de fans soient insatisfaites, car il est trop hard pour les romantiques et trop soft pour celles qui rêvaient de SM débridé.
Moi, je l’ai regardé sous de multiples angles, et, s’il n’y en a pas assez pour chacun, il y en a quand même pour tous les goûts.
Il y a le côté érotique SM bien sûr. Mais on retrouve aussi un autre fantasme féminin, non sexuel celui-ci, mais universel, qui est celui – très irréaliste – que l’amour peut changer un loup en agneau. Les scènes hot ne sont, bien évidemment, pas filmées en mode X et tout reste dans la suggestion. Qu’elles ne soient pas aussi intenses que dans le livre est normal, les images n’égaleront jamais, du moins d’un point de vue féminin, la puissance de l’imagination. Par contre, je trouve qu’elles sont très bien filmées, de manière à exploiter tout ce qui peut l’être sans tomber dans la vulgarité.

Concernant les acteurs, je ne suis pas une fan de la première heure, mais, contrairement à d’autres avis, je trouve que Jamie Dornan a suffisamment intégré son personnage pour lui donner une crédibilité que, pour moi, il n’avait pas forcément dans le livre. Et Dakota Johnson joue simplement – pas mal du tout – la fille amoureuse perdue dans ses propres contradictions. La critique qui la traite de « cruche » me fait rire, quand on sait qu’être amoureuse rend, au moins dans un premier temps, la plupart des filles « cruches » !
Mais bien sûr, c’est normal qu’un film aussi attendu soit très critiqué, et l’opinion générale, qui ne voit que sa propre satisfaction et non le travail d’analyse artistique énorme derrière les deux heures de film, n’est, sans surprise, pas tendre du tout.
Moi, je vois l’art difficile de la traduction des mots en images et les limites de cette démarche en termes de résultat. Et je dis bravo. Aux scénaristes, au réalisateur, aux acteurs et aux techniciens, et à tous ceux que j’oublie sûrement car je ne connais pas tous les rouages des métiers du cinéma.
Parce que, même contre tous, je trouve que l’adaptation est très honorable si on prend en compte tous les paramètres en jeu.